Alors oui ou non : voulez-vous entrer dans le Royaume des Cieux ? Vraiment ? Que votre parole doit "oui, si c'est oui", "non si c'est non". Ce qui est en plus "vient du Mauvais". Nous pouvons revenir au début de l'Evangile : "Si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux". Alors oui ou non, voulez-vous mettre en oeuvre la justice du Royaume des Cieux ?
Deux questions assez logiques surgissent alors.
Qui sont les cribes et les pharisiens d'aujourd'hui, puisqu'il s'agit de les surpasser ?
Quelle est la natire de cette justice, aux yeux de Dieu, qu'il nous invite à mettre en oeuvre.
Nous comprenons bien que ces questions sont d'un intérêt limité, purement spéculatif, si notre parole n'est pas "un oui qui soit oui. Trop de questions en apparence rationnelles, trops de réflexions aux subtilités délicates, trop de conditions aux développements infinis ne sont ni oui, ni non, mais du "ce qui est en en plus" et qui "vient du Mauvais". Notre intelligence et notre coeur sont souvent remplis de monologurd qui tournent en boucle sans s'ouvrir au Seigneur et sans trop laisser de place aux autres. Le oui, le "fiat" de Marie à l'Annonciation est exemplaire : "Que tout se passe pour moi selon ta parole. Cela fait beaucoup de bien de demeurer dans un simple oui. Sans fioriture.
Ce oui est l'adhésion à la relation que Dieu veut vivre avec moi. Il unifie tout mon être parce que Dieu ne désire pas les discensions de ma vie. Il me désire tout entier. Il aime toute ma personne. Apprendre à lui dire oui, tout simplement, c'est retrouver l''unité merveilleuse de la créature que je suis. Personnellement aimée et capable d'aimer. Ecoutée et capable d'écouter. Pardonnée et capable de pardonner. Oui, Seigneur, "je m'abandonne à toi, fais de moi ce qu'il te plaira". Cette Prière d'Abandon de Saint Charles de Foucauld est la prière d'une multitude de saints qui nous guident sur le chemin de ce oui.
Alors certainement que ce n'est pas facile. Nous résistons. Nous disons: "Seigneur, oui, tu me demandes ceci, mais..., mais..., mais...". Nous avons peur de nos conversions: nous n'avons pas envie de changer, de renoncer à notre jalousie, à notre ego, à notre sagesse. Le dynamisme de l'amour de Dieu rencontre de nombreux "mais", "pas tout de suite", "pas comme cela". Il faut du temps de la prière, d'écoute de la Parole de Dieu pour que s'effacent peu à peu tous nos "mais". Et il faut aussi quelques "non" , fermes et efficaces. Je renonce à vouloir avoir le dernier mot, je renonce à trop bien faire les choses à ma manière, car je déocuvre que oui, cela me rapproche de Dieu. Le grand "oui" de notre vie à Dieu est composé de mes petits "non" aux distractions intérieures et extrieures qui nous en éloignent. La vérité de Dieu est toujours bienveillante.Celle joyeuse des oui et des non pacifiés. Toutes les paroles qui sortent de la bienveillance viennent du Mauvais.
Nous pouvons revenir à nos questions.
Les scribes et les pharisiens d'aujourd'hui sont ceux qui s'attachent à leur bon droit sans dire oui à Dieu. On pourrait trouver de nombreux exemples de l'utilisation du droit (notament international) contre les personnes et les pays au profit de compagnies capable de se payer des avocats. Je vous laisse faire l'inventaire. Je préfère souligner que nous sommes tous scribes et pharisiens quand nous instrumentalisons la Parolee de Dieu en l'enfermant dans nos catégories de raisonnement, quand elle n'est plus porteuse de l'altérité de Dieu, quand nous ne pouvons plus dire oui car elle deviendrait notre propriété. Nous sommes des scribes et des pharisiens quand notre oui n'est pas oui et que notre non n'est pas non plus un non, et que nos paroles ne sont plus portée par la bienveillante vérité du Seigneur qui nous aime.
La justice qui nous oriente est celle qui met en oeuvre des relations bienveillantes pacifiées et vraies selon le projet d'amour de Dieu pour les hommes.
Pour Jésus, un premier registre est bien les commandements de Dieu. Dans la lecture de l'Evangile (Mt 5, 17-37), il affirme que pas un iota de la Loi ne disparaîtra pas jusqu'à tout ce que se réalise. Celui qui observe et enseigne ces commandements sera déclaré grand dans le Royaume des Cieux. Il ne suffit donc pas d'enseigner, de revendiquer les principes de justice et de paix. Il faut aussi observer: c'est tout l'enjeu du oui et du non, ordonné à la relation que Dieu offre à nous. C'est ce passage des commendements de la Loi, commentés par trois fois par Jésus :" Vous avez appris qu'il a été dit...et bien je vous dis comment l'observer". Nous sommes les scribes des hommes qui n'obéissent pas à la Loi, qui sont déconnectés de Dieu, quand nous laissons la colère nous emporter contre notre frère, la convoitise habiter notre relation avec les autres, les serments et les grandes affirmations péremptoires remplacer nos actes. Tout cela entraîne des paroles qui viennent du Mauvais.
Il y a des plans plus grands que la justice. La mort et la résurrection de Jésus-Christ est l'accomplissement du projet de Dieu pour nous, Parole de Vérité qui nous est adressée. Sommes-nous prêt à entrer dans la gloir que Dieu nous promet ? Oui ou non ? C'est une sagesse cachée pendant des siècles nous dit St Paul. Voulons-nous participer à la mort et à la résurrection de Jésus-Christ ? Oui ou non ?
Notre Foi est adulte si nous pouvons répondre oui, avec simplicité. Ce n'est pas une foi parfaite, sans heurts ; elle est au contraire en chemin permanent, en marche toujours. Elle grandit, elle s'émerveille, elle pleure. Elle est un oui de chaque instant qui nous unifie et nous rend bienveillant devant le Seigneur. C'est elle qui nous porte ce matin pour l'accueillir en son corps eucharistique. Oui, Seigneur, me voici ! Amen !
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