Mes frères, mes sœurs,
Tous les trois textes dont nous venons de suivre la lecture semblent résonner de la même manière contre ceux qui disent et ne font pas. Leur hypocrisie discrédite leur fonction. La première lecture semble une préfiguration lointaine de l’évangile. Et la deuxième lecture vient alors comme pour proposer des attitudes chrétiennes à suivre. Le prophète Malachie dénonce le mal pernicieux qui rongeait la société de son époque. Les prêtres de son temps, à cause de leur hypocrisie, ont perverti l’alliance. Ils se sont écartés de la route et ont fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude. Nous pouvons nous permettre d’appeler cette dénonciation : le piège de l’autorité qui nous concerne, nous aussi, religieux, religieuses, laïcs, bref, tous les chrétiens. Ce piège est dénoncé et bien développé dans l’évangile : nous avons répertorié quatre pièges :
Premier piège : « Ils disent et ne font pas ». Nous reconnaissons tous ce décalage entre nos belles paroles et notre vie de tous les jours. C’est ce que le Pape François appelle la mondanité spirituelle, c’est-à-dire, l’apparence, les faux-semblants, le manque de profondeur. Un jour, Jésus a dit : « Il ne suffit pas de dire seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut faire la volonté de mon Père » (Mt 7,21-23). Le Pape Paul VI dans son Evangelii nutiandi disait que le monde d’aujourd’hui a plus besoin de témoins que des maîtres, de l’expérience que la doctrine, de la vie et des faits que des théories. Puisse notre vie être ajustée à nos paroles.
Deuxième piège : pratiquer l’autorité comme une domination et non comme un service. C’est ce que Jésus reproche aux scribes et aux pharisiens de lier « des fardeaux pesants » et d’en charger les épaules des gens ; mais eux-mêmes « ne veulent pas les remuer du doigt ». Ils ont l’avoir, le savoir et le pouvoir. Cela pourrait être un merveilleux moyen de servir les autres. Au lieu de cela, ils ne pensent qu’à dominer.
Troisième piège : vouloir paraître : « Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes ». Nous connaissons tous cette tentation d’aimer paraître, de rechercher la considération et l’intérêt. Jésus nous recommande ceci : agir par amour pour Dieu et pour nos frères sans chercher les louanges des hommes.
Quatrième piège : se croire important, avoir le goût des honneurs. « Ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, ils aiment recevoir le titre de Rabbi (Maître) ». Mes frères, mes sœurs, les titres et les honneurs ne sont pas mauvais en eux-mêmes. Mais le fait de les porter implique une responsabilité, un témoignage à donner, une mission à accomplir.
De tout cela, Saint Paul, dans la deuxième lecture, suggère des attitudes authentiquement chrétiennes et apostoliques : traiter les autres avec douceur, comme une mère qui entoure de soin ses nourrissons ; Affection : « vous nous étiez devenus très chers » ; Prendre soin des autres comme un père ses enfants. Saint Paul évangélise avec toute sa personne. Pas comme un acteur de théâtre ou de cinéma qui joue un rôle en faisant semblant, en se mettant dans la peau d’un personnage. Mais une parole dans des mots et dans tout le comportement.
Oui, mes frères, mes sœurs ! Je lis, j’écoute la Parole de Dieu, de temps à temps ou tous les jours. Mais quelle transformation offre-t-elle à ma vie ? A quelles conversions suis-je appelé ? Quelle est la Parole de Dieu à laquelle j’aime revenir et qui donne à ma vie une orientation décisive ?
Père Emmanuel Muhindo, A.A.
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